Ces juges, guidés par
une servilité à l’égard du pouvoir politique qui leur a confié
un rôle de premier ordre dans la « lutte contre le
terrorisme », n’hésitent pas à ignorer ou à porter
atteinte à des principes juridiques tels que la présomption
d’innocence, le droit à être défendu, le poids des preuves,
etc., lesquels constituent la base du système juridique occidental.
Or, voici les
sentences dictées par l’Audience Nationale et le Tribunal Suprême
Espagnol (entre 2009 et 2010 respectivement) contre le prisonnier
politique communiste Juan García Martín, qui fut accusé de
participer à une action menée par les membres de la GRAPO, à
Saragosse, alors qu’à ce moment-là il se trouvait à plus de 300
kilomètres, faits pour lesquels il fut condamné à presque 80 ans
de prison.
Les textes
« parlent » : depuis l’arrêt d’accusation
jusqu’à la sentence du tribunal suprême, les raisonnements et les
résolutions semblent écrits dans le but de condamner d’avance
Juan García, écartant toutes les preuves et les indices qui
pouvaient le disculper (et il y en avait !), comme si le procès
n’avait pas eu lieu. Le texte que nous incluons en annexe, écrit
par le condamné et intitulé « 80 ans pour un 80% »,
offre l’explication politique qui se cache derrière cet
acharnement judiciaire.
Il convient aussi de
signaler quelques une des faits qui eurent lieu pendant la procédure,
puisqu’ils permettent de contextualiser cette infamie :
Deux jours après
l’action des membres de la GRAPO à Saragosse la photo de Juan
García, présumé auteur des faits, a été présentée dans la
presse et à la télévision. De cette façon, toute reconnaissance à
travers des photos était vicié. Mais, même dans ces conditions,
c’est pourtant une reconnaissance « avec une fiabilité de
80% » qui a constitué la seule preuve motivant la sentence.
Les démarches
furent menées par la police nationale de Saragosse. Mais ni Juan
García ni les auteurs des faits qui avaient confessé furent
interrogés par la police.
- C’est la « guardia civil » qui a arrêté et interrogé les membres de la GRAPO auteurs de l’action ; mais à aucun moment on ne leur a demandé si Juan García avait participé à cette action, de sorte que ces derniers furent surpris de le voir inclus dans l’instruction. D’ailleurs, les « guardias civiles » en question ne comparurent même pas lors du procès.
- Juan García fut transféré à Madrid, depuis la prison de El Puerto où il se trouvait antérieurement, quelques jours avant le procès. Il n’eut droit qu’à un seul entretien avec son avocat, 10 minutes avant le procès !, pour le préparer ; l’avocat ne fut pas autorisé à interroger les témoins proposés par la défense.
- Comme on peut le lire dans la sentence de l’Audience Nationale, on dirait que l’avocat n’a pas été présent dans la salle ce jour-là : il se limitait à montrer qu’il existait ; après ses interventions et ses allégation, rien.
- Le procès dura un peu plus de trois heures pour des faits d’une gravité extrême et pour une condamnation de 80 ans.
- L’appel présenté par Juan García devant le tribunal suprême fut sur le point de ne pas être admis « parce qu’il s’était perdu ». Actuellement, un appel de la sentence a été présenté devant le tribunal constitutionnel.
Cela étant
dit, que les sentences parlent ! Et que les lecteurs jugent
eux-mêmes ceux qui nous jugent.